En France, une fois l’été passé, on a encore la chance de pouvoir profiter de belles régions ensoleillées avant de reprendre le chemin du travail. Je suis allée faire un p’tit tour du côté de la Charente-Maritime mi Septembre. Et vu que j’ai grave de la chance, j’ai eu principalement de la flotte et du ciel gris. Facile quand tu veux en profiter pour tester un boîtier compact Sigma, c’est bien connu que les ciels gris magnifient les paysages ! Allez, ce n’est pas grave, le Sigma DP2 Merrill a bien plus d’un tour dans son sac pour vous donner la possibilité de shooter de belles photos. Petit tour d’horizon !
Sigma, c’est une marque que je connais bien. Quand j’ai commencé à m’équiper d’un reflex (Canon EOS 60D), j’ai préféré les objectifs Sigma pour leur rapport qualité-prix. Ainsi malgré mon maigre budget, j’ai pu quand même acquérir un 24-70mm à 2.8 constant, un zoom standard que j’adore mais d’occasion, il a quelques années et n’est pas stabilisé. Mais il est costaud et a tout de même réalisé un très bon travail sur Borealis… Un 30mm 1.4 dont le piqué est fou, et dont l’ouverture m’a permise de capter de très beaux moments autour de feux de camp ; un 70-200mm à 2.8 pour les prises de vues animalières, et un 10-20mm pour les paysages. Mon Canon est donc un boîtier comblé. En plus, notez que si vous changez de boîtier, Sigma vous propose de changer les montures de vos objectifs plutôt que d’avoir à réinvestir dans du nouveau matériel !
Mais quid des boîtiers Sigma ? Et bien voilà, j’ai choisi de tester le DP2 Merrill pour répondre à cela. Surtout pour son objectif 30mm (soit un 45mm dû à la taille de son capteur… Longue histoire, je vous raconterai un jour), et j’avoue aimer cet angle de vue, assez représentatif de la vision humaine et très polyvalent. Si vous êtes plus paysages ou portraits, il existe 2 autres modèles dont les focales vous conviendront mieux ! Alors oui, c’est étrange un compact à focale fixe. Loin d’être idiote cette idée, nombre d’aficionados de la photo ont jeté leur dévolu sur une focale fixe, et éviteront de prendre leurs 2 boîtiers et 5 objectifs s’ils partent en week-end familial. Leur 50mm, 30mm ou 100mm par contre suivra dans chaque déplacement. Alors un compact qui tient la route niveau piqué, histoire de prendre moins de place dans le sac… Oui, pourquoi pas !
À réception du compact, je remarque un boîtier très robuste, épuré, tout en simplicité. L’ergonomie va droit au but : l’écran prend un maximum de place (3 pouces), les lignes et les angles sont droits, et pour les amoureux des modes manuels : une roue pour la vitesse, une roue pour l’ouverture et une bague sur l’objectif pour la mise au point. Et ça, ça me plaît ! Voilà qui est intuitif.
Changement de modes (automatique, priorité vitesse, priorité ouverture, manuel…), balance des blancs, ISO, focus auto ou manuel, tout est accessible sans passer par de longs menus à 12 000 onglets. Donc sacré surprise d’avoir un compact dans les mains mais imaginé pour les amoureux de la photo manuelle. Par contre impossible de trouver comment mettre l’écran en « simulation d’exposition ». Certes il y a la barre d’exposition, pas de viseur car c’est un compact, donc elle est affichée sur l’écran. Mais quand le ciel est plutôt sombre et que l’on souhaite que le sujet principal de la photo soit bien exposé, difficile de se baser sur la barre d’expo. Alors on choisi de prendre plusieurs clichés jusqu’à avoir ce qu’on veut. Mais léger soucis, l’appareil est assez lent pour enregistrer sur la carte SD les prises de vues. On est maintenant habitué à ce que tout aille vite dans le monde du numérique, donc ce temps de latence surprend mais n’est pas invivable.
J’ai menti, j’ai eu quand même quelques jours de beau temps !
Vous ne trouvez pas que le rendu est proche de l’argentique ? Pas mal tout de même !
Sacré profondeur de champ, non ? Son objectif offre vraiment un beau flou qui donne de la matière à vos photos, si vous ne pressez le déclencheur qu’à moitié et que vous faites le point en même temps, l’appareil zoom dans votre image afin que vous puissiez être précis dans votre mise au point. Pratique !
Par contre la vidéaste que je suis ne vous a pas fait de rushs pour vous en faire un exemple. Navrée, mais la vitesse d’écriture étant relativement lente, cela plantait souvent l’appareil, au moment de vider la carte, bon nombre de plans n’avaient en fait pas été copiés… Dommage !
Et le format RAW alors ? Voyez-vous Sigma nous sort une petite bombe dans le monde du capteur photo : le capteur Foveon X3 de 46 Millions de pixels. Le DP2 Merrill et ses 2 camarades DP1 et DP3 sont donc des précurseurs chez les compacts experts de ce tout nouveau mode de capture de couleurs : le capteur est composé de 3 couches successives (bleue, verte, rouge) qui permettent de traduire les données de façon plus précise et qualitative. En gros, il y a maintenant 3 capteurs empilés, de 15 Mega Pixels chacun. Donc 1 pixel n’a plus à condenser les informations de 3 couleurs, maintenant chaque pixel a sa couleur à gérer. Chacun son job. Cette particularité fait que la qualité se rapproche de l’argentique !
Tant de données à traiter dans une seule et même photo, fort malheureusement Lightroom et Photoshop ne sont pas encore éduqués à cette révolution. Ça viendra on l’espère, car pour le moment pour traiter vos images RAW, il vous faut télécharger le logiciel Sigma Photo Pro. C’est gratuit, pas bien lourd… Mais on n’avait pas forcément envie de s’encombrer d’un énième logiciel ! Surtout que Sigma Photo Pro est certes simple à gérer, intuitif, mais manque de profondeur… Pas d’outil de recadrage, une roue d’ajustement de la couleur plutôt capricieuse. Quel dommage que ses développeurs n’aient pas assez observé les dernières versions de nos logiciels de retouches favoris, car ici on se retrouve avec des photos de qualités mais on manque d’outils pour y mettre notre « patte » en post-traitement 🙁 Je me dis qu’étant précurseur de ce nouveau mode de capture d’image, Sigma finira bien par approfondir le système !
Jetez tout de même un petit coup d’oeil aux RAW avant et après retouches ci dessous… Je suis allée assez loin dans le HDR, j’admets, c’était pour l’exemple ! Dans un premier temps les images surexposées : on retrouve énormément de données dans les blancs, c’est assez incroyable pour un compact ! La balance tire un peu sur le vert donc j’ai pu compenser tout ça en post-production. Il y a également la possibilité de relever la netteté, on retrouve beaucoup de matière, ça reste vraiment très impressionnant !
Pour les photos sombres, je me suis aidée de l’histogramme pour redonner à mon image une exposition bien dosée, du coup j’ai retrouvé mes formes dans les algues, un ciel plus lumineux, une photo moins fade et mieux contrastée.
Ces deux photographies (ci-dessous) ont été très peu retouchées, les couleurs ressortent bien, à nouveau ce flou d’arrière plan qui rappelle les pellicules argentiques. De jolis détails dans le bois ou les plantes…
L’appareil gère tout de même mieux les hautes que les basses lumières. Évitons de monter dans les ISO, dans un futur article je posterai des images du DP2 en intérieur et à très basse luminosité, j’ai eu bien du mal à le gérer ! Mais en étant bien stabilisée histoire de baisser la vitesse (l’objectif ouvre tout de même à 2.8 !) j’ai fini par avoir de bons clichés. C’est tout de même un boîtier plus fiable en extérieur et de jour !
Les +
• La bague de mise au point
• Les roues dédiées à la vitesse d’obturation et à l’ouverture du diaphragme
• La taille et la qualité de l’écran
• L’objectif (luminosité et piqué)
• La qualité du format Raw
Les –
• Le logiciel dédié à la retouche (et un outil de plus !)
• La lenteur de réaction (surtout pour l’écriture sur la carte SD)
• La fonction vidéo
• Le prix : de 700 à 800€
Sigma nous offre là un appareil avant-gardiste, robuste et d’une qualité impressionnante donnant tout son sens à l’appellation « compact expert ». Habituée à d’autres interfaces, je me suis tout de suite faite à celle de Sigma, intuitive et pratique. Même si certains outils, autant sur le boîtier que sur le logiciel de traitement du RAW, manquaient à l’appel. Mais je suis certaine que ce n’est qu’une question de temps. Une chose est sûre : le résultat est là, ce nouveau type de capteur promet une belle révolution, moi en tout cas j’adhère !
Merci à Sigma pour ce prêt, c’est toujours avec enthousiasme que je m’essaie sur d’autres boîtiers, ça me permet d’approfondir mes connaissances et de me challenger sur le terrain. J’espère vous avoir bien relaté mon expérience 🙂 À bientôt !
5 Commentaires
Je conseille aussi le Ricoh GR, il est vraiment top (pour la photo) !
sympa ta revue et c’est vrai que les SIGMA ont toujours été des boitiers atypiques attachants et délivrant une qualité d’image époustouflante, proche des moyens formats et FF (en acceptant la contrepartie d’une lenteur affligeante, AF indigne, batteries qui ne tiennent pas la charge etc..) mais vu leur récente baisse de prix à 580€ ça reste un excellent choix pour qui veut privilégier l’acte photographique à une pléthore de gadgets dans le vent.
Par contre tu dois avoir un problème de calibration d’écran, tes couleurs sont vraiment bizarres niveau balance des blancs… ça tire salement sur le vert et le jaune…
Hello Cyril ! Et merci pour ton commentaire 🙂
Tu verras que sur les autres articles, la balance des blancs est moins vertes… À vrai dire c’est justement le soucis de ce logiciel de retouche Sigma, j’en parle dans l’article, les paramètres par défaut rendent vite les images verdâtres. Pour certaines j’ai essayé de rattrapé, mais la retouche couleur du logiciel n’est pas très développée (une seule voie pour tous les tons…). Donc remarque juste, mais finalement j’ai préféré montrer également les soucis du logiciel, et ça en fait partie malheureusement !
Bonjour Tania,
Merci beaucoup pour cette approche épatante et ô combien riche en enseignements d’un appareil totalement atypique : un capteur innovant voire même plus, une ergonomie concentrée sur l’essentiel, une lenteur qui ne peut pas s’accommoder de certaines pratiques photographiques d’action et, d’après vos photographies, une tendance au verdâtre-jaunâtre assez marquée. Est-ce ton choix (balance des blancs d’après fichiers raw) où alors cela est-il le rendu naturel du capteur ?
Encore un grand merci 🙂
Michel
Bonjour Michel,
Désolée pour le temps de réaction !
La balance trop jaunâtre n’est pas un choix, naturellement l’appareil tire un peu vers ces températures, et en plus le logiciel ne post-traitement étant grossier, il m’a été difficile de contre-balancer cet effet… Mais il est vrai que j’aurai du le préciser dans l’article 🙂