L’une des étapes les plus importantes lorsque je prépare mon sac de voyage, est bien le choix des bouquins qui me suivront dans mon périple. Il faut ainsi évaluer les temps libres qui permettront la lecture, donc la quantité de livres à emmener. Selon mes humeurs, les paysages et cultures que je découvrirais en chemin, l’univers de l’auteur est important. Parfois j’aime lire une histoire qui se rapproche de ce que je vis sur le moment, parfois je suis dans une phase de polar, parfois j’aime regarder les paysages du grand nord qui défilent à travers les fenêtres du train tout en lisant un roman sur San Francisco.
Il n’y a qu’en voyage que je lis vraiment, que je dévore des romans. À Paris un bouquin peut facilement traîner sur ma table de chevet des mois. Ailleurs, mieux vaut prévoir plus d’un livre par semaine.
– En Laponie, c’est Jack London qui me suit. L’auteur que j’ai découvert dès mon plus jeune âge, et dont les histoires ont raisonnées à chaque étape de ma vie. D’abord Croc Blanc, ensuite l’Appel de la forêt, et des années plus tard, son carnet de bord, La Route, puis Martin Eden… London parle aux petits comme aux grands. À travers un roman où le narrateur est un chien (l’Appel de la forêt), il nous raconte la ruée vers l’or, l’agressivité dont l’homme fait preuve quand il s’agit d’argent, de pouvoir, de compétition… Et surtout le lien entre l’homme et le chien, dans des conditions extrêmes.
Dans « La Route« , récit autobiographique qui a d’ailleurs inspiré « Sur la route » de Kerouac, London décrit ses vagabondages en train, lorsque qu’il traversait l’Amérique du Nord d’Est en Ouest, du Sud au Nord. Les contrôleurs qui le viraient avec pertes et fracas en pleine nuit, les familles qui acceptaient de le loger et de le nourrir pour la nuit, les baroudeurs de la fin du XIXe… L’aventure, la générosité, le danger ! Autant j’ai adoré « La Route » de London, j’ai rit, j’ai eu peur, j’ai eu le souffle coupé… Autant je me suis ennuyée en lisant « Sur la Route ». Du coup je suis désolée pour London qu’on ait oublié que le fameux roman de Kerouac soit inspiré de sa vie !
London sait aussi parler d’Amour. « Martin Eden« , c’est un peu lui, un matelot sans le sou qui tend à devenir écrivain. Épris d’une jeune fille de la haute, il n’hésitera pas à vivre la famine, la pauvreté, la fatigue pour tenter de s’élever, d’être reconnu, de voir ses nouvelles qui parlent d’aventure, publiées dans des revues importantes. Une histoire qui prend aux tripes, un de ces livres qui laisse sans voix, la gorge nouée. London a ce don de décrire un paysage, une émotion, un scène… Un univers auquel j’adhère complètement, un véritable voyage à travers le temps, à travers l’Amérique du Nord aussi. Et alors la fin mes enfants… La fin est tellement émouvante ! Bref, mon auteur préféré 🙂
– Ce regretté Jack à quelques bons héritiers littéraires, parmi eux David Vann et Howard McCord, édités chez Gallmeister, collection Totem. Cette collection met en avant des auteurs indépendants d’Amérique du Nord. Je l’ai découverte il y a peu, et j’ai tendance à faire confiance à leurs romans. On y retrouve un peu de l’univers de London : ces aventures dans les grands espaces, la Nature Sauvage, ces lectures qui vous font voyager loin de la société, de la civilisation. Et ces deux auteurs ont ce petit plus « noir », cette touche de suspense, cette tension qui transforment le grand voyage en thriller psychologique. Et ça c’est un combo qui rend le livre génial, de mon point de vue.
– Je suis très branchée Grand Nord. David Vann aussi. « Sukkwan Island » se passe sur une petit île d’Alaska, où un père débarque avec son fils pour y vivre un an. La cabane familiale est très rudimentaire, la forêt dangereuse, mais les paysages à couper le souffle. L’occasion pour le père de se couper du monde, de se reconstruire, d’avoir des moments privilégiés avec son fils dont il n’a pas su profiter toutes ces années… Je vous laisse découvrir le reste, ça en vaut le détour 😉 Vann a vécu avec sa famille dans le Grand Nord, il sait mieux que personne les ressentis qu’on peut avoir face à une telle immensité, face aux conditions de vie. Ses histoires tournent souvent autour d’un père « borderline »… Je m’apprête justement à lire l’un de ses autres livres : « Désolation », ça en dit long sur l’univers !
– Howard McCord quand à lui est un amoureux des Canyons. Le soleil y burine le visage des quelques insouciants qui s’y risquent, la lumière se reflète dans la roche, aveuglante, dure… Je sais à présent de quoi je parle, je vous écris du Parc Timna dans le désert du Néguev en Israël. Ici du bleu et du beige, des contrastes crus et une chaleur étouffante. Je n’aurais pas trouvé un meilleur moment pour lire « L’Homme qui marchait sur la Lune » ! Parfois le hasard fait bien les choses.
Dans la librairie où j’ai acheté ce livre, la description disait que l’écriture de McCord rappelait les romans de London ou Conrad. Vous comprendrez que je n’ai pas hésité à l’ajouter à ma bibliothèque. Superbe découverte que cet écrivain, vétéran de la guerre de Corée, plutôt rédacteur de poésies… Son premier roman raconte la marche d’un mystérieux randonneur dans le désert du Nevada. William Gasper laisse vagabonder son esprit dans ses propres souvenirs, tandis qu’il grimpe les pentes du Canyon, s’endort à la lueur des étoiles, et découvre les traces d’un chasseur. Personne n’est censé être ici, à part lui ! C’est ainsi qu’on en apprend plus sur Gasper et son passé…
La lecture, c’est une affaire de goût, d’humeur, de personnalité, de vécu… Je suis très difficile dans mes choix d’auteurs. Je plonge difficilement dans un univers, je décroche vite… Mais ces quelques bouquins dont je vous parle sont de ceux qui m’ont marqués. Certains n’apprécieront pas du tout ou seront bien déçus, il faut juger par soi-même ! En tout cas, je vous livre ici mes coups de coeur du moment. À vous de me donner vos avis et dernières découvertes !
Je ne vous ai pas mis les liens pour acheter les livres, je suis plus une adepte des petites librairies indépendantes… D’ailleurs si vous êtes sur Paris, je vous conseille la librairie des Abbesses ! La libraire, derrière ses petites lunettes bleues, est un sacré personnage. Amoureuse de ses livres, elle vous conseille comme personne.
Bientôt, un second article sur le même thème 🙂
Commentaire
Jack m’a aussi accompagnée pour un voyage au-delà du cercle polaire. C’est un chouette compagnon de voyage pour les grands espaces.. Merci pour la découverte de la collection Totem.
Ps: tout à fait d’accord pour Sur la route…