Voiture 6, place 55, direction le Mans. Le 31/12/2012.
Cela me paraissait logique d’écrire ce billet sur mon affection pour les voyages en train…dans le train.
Les voyages en train, je les redoute autant que je les aime. Ce sont les rares instants où je me laisse aller à la mélancolie. Par logique je suis donc souvent assombrie, à l’arrivée. Mes excuses à ma famille qui me récupère peu enthousiaste aux Aubrais certains week-end ! D’ordinaire je suis quelqu’un qui donne le maximum de son énergie positive, beaucoup chassent de cette façon les mauvaises pensées, j’en suis. Alors quand je suis seule dans un train, à regarder le paysage défiler, j’en profite pour mettre une parenthèse à tout ça. Quel étrange paradoxe : ma vie en pause dans un train lancé à toute vitesse.
La première étape, c’est le choix de la musique. Je n’hésite pas à aller loin dans la déprime : Bon Iver, Rufus Wainright, Damien Rice, Barbara… Je n’ai peur de rien ! D’ailleurs je devrais penser à créer une playlist spécialement pour les voyages en train, ça m’éviterait de perdre du temps à chercher dans l’iPod la chanson qui me permettra de laisser mon esprit voguer en toute liberté dans les méandres de mes plus pathétiques pensées !
Voyage en train, mon amour from Tania Houlbert on Vimeo.
Donc, à l’instant précis où les écouteurs balancent un bon riff des Arctic Monkeys…nan je déconne.
Donc, à l’instant précis où les écouteurs pleurent les premières notes de piano de « This Love Affair » , je laisse mes pensées partir en live. Je me mets à rêver ma vie, à penser à ce qui m’angoisse, ce qui se passerait dans le meilleur des mondes, la personne que j’aimerai savoir à mes côtés, les endroits que j’aimerai découvrir avec elle, les choses que j’aimerai dire à mes amis, les choses pour lesquelles j’aimerai me lever chaque matin, les choses pour lesquelles je déteste me lever chaque matin, les projets que j’aimerai réaliser… La liste est longue. Bref : le courage que j’aimerai avoir pour que toutes ces idées deviennent actions.
Je me dis souvent que je ferais mieux, comme d’autres, de lire un bouquin, m’avancer sur mon travail, dessiner, dormir. Mais non, c’est plus fort que moi. Et le retour à la réalité est d’autant plus difficile à chaque fois, alors qu’est-ce que cela peut bien m’apporter ? Pourquoi je m’inflige ça ?
Je me souviens d’un voyage en train que j’avais particulièrement apprécié, qui était peut-être l’un des plus beaux moments de ma vie. A l’époque, tandis que d’habitude le paysage défilait et que je pensais à elle, ce jour là elle était à côté, la tête sur mon épaule. Et moi je ne pensais… à rien. J’ai même gardé une photo de cet instant paisible. La tempête intérieure n’était plus !
Ce soir, dernier jour de l’année 2012, en direction du Mans pour retrouver mon meilleur ami, je prends une bonne résolution : pour clore cette auto-flagellation que sont les voyages en train, je décide déjà d’occuper mon esprit à écrire ce que je ressens d’habitude… Plutôt que de laisser mes démons prendre le dessus. Une sorte d’écriture thérapeutique, je l’espère.
Je dois arrêter de rêver ma vie, ne pas laisser défiler le temps comme défile les kilomètres sous ce train. Non, pas de playlist larmoyante !
Et merde, j’ai oublié mon bouquin.
2 Commentaires
J’aime aussi beaucoup ce temps qui s’arrête lorsque je voyage en train. C’est beau je trouve de rêver et même de se laisser aller à la mélancolie. Comme tu le dis si bien, on essaye souvent de ne donner que le positif aux gens qu’on aime mais parfois, c’est épuisant. Un moment d’arrêt ne peut pas faire de mal… et j’adore Damien Rice 😉
J’écris ce commentaire pour finalement …. ne rien dire. No comment …